Une grande région aux multiples fragilités socio-économiques
La nouvelle région Nord-Pas-de-Calais-Picardie comptera demain près de 6 millions d’habitants sur un territoire vaste de 32 500 km² situé sur les principaux axes de communication.
Le nouvel exécutif régional sera confronté à des défis majeurs.
Les deux régions ont été durement affectées par la désindustrialisation et la crise économique. La nouvelle région, qui concentre près de 10 % de la population française pour seulement 7 ½ % du PIB est l’une des plus pauvres de France métropolitaine et souffre d’inégalités territoriales très importantes, nourrissant un sentiment d’abandon et de déclassement dans certains territoires, en particulier dans la Somme, l’Aisne et le Pas-de-Calais. En termes de niveau de vie, la région se situera légèrement en dessous de la moyenne européenne (26 600 € par habitant pour l’année 2013.
Son PIB et sa population seront comparables à ceux de la région britannique des West Midlands, qui présente par ailleurs des similitudes au plan social, puisque cette région côtière constitue le berceau de la Révolution industrielle et a connu un important mouvement de désindustrialisation.
Réduire cette fracture sociale constituera un enjeu majeur pour un exécutif dont les prérogatives en matière de développement économique seront élargies par la loi sur la Nouvelle organisation territoriale pour la République « NOTRe ».
La région pourra tout de même compter sur certains territoires dynamiques à proximité de l’agglomération parisienne (l’Oise) et sur le positionnement du Nord au cœur de la « dorsale européenne ». Nord-Pas-de-Calais-Picardie dispose encore d’importants bassins d’emplois agricoles en Picardie et de pôles industriels majeurs en Nord-Pas-de-Calais, à l’instar des usines Toyota à Onnaing, Renault à Cuincy ou ArcelorMittal à Grande Synthe et Fort-Mardryck. Des fiefs historiques du capitalisme nordiste subsistent en tant que sièges sociaux, à l’instar de Croix pour le groupe Auchan ou Arques pour le fabricant de verres Arc International. De même, des leviers de croissance existent autour du développement du tourisme, non seulement en Picardie, où il est insuffisamment développé en dépit d’un riche patrimoine, ou de l’innovation en Nord-Pas-de-Calais
L’enjeu démographique et de qualification de la main d’œuvre demeure sans doute le plus important d’entre tous eu égard au faible dynamisme de la population. Il nécessite la mise en place d’un système de formation et d’apprentissage performant, afin de rehausser des taux d’activité qui figurent parmi les plus faibles de France, et de parvenir à enrayer l’exode des populations les plus diplômées.
Le nouvel exécutif héritera, à compétences constantes, d’un niveau de dépense très élevé par rapport à la moyenne métropolitaine (463 € par habitant contre 420 €).
La forte dépendance des ressources aux dotations de l’État ne laissera quasiment pas de marges de manœuvre pour augmenter les dépenses d’investissement, pas plus que le niveau d’endettement, lui aussi très élevé. Bien que la situation financière de la nouvelle région ne semble pas menacée par des emprunts toxiques, la maîtrise de l’endettement constituera un enjeu majeur dans les années à venir, alors que les taux d’intérêt souverains ont entamé leur remontée en 2015.